L’EFS Bourgogne-Franche-Comté est très impliqué et reconnu pour son expertise dans la filière biomédicaments. Le développement de biomédicaments, médicaments dont le principe actif est d'origine biologique, est en plein essor et devient un enjeu de santé publique, face au coût de production souvent élevé, limitant leur déploiement malgré des premiers résultats scientifiques probants.
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La souveraineté de la France pour produire ses propres biomédicaments est un enjeu majeur : le chef de l'état a fixé, fin 2021, un objectif de 20 biomédicaments réalisés en France d'ici à 2030, et présenté la stratégie d'accélération « Biothérapies et bioproduction de thérapies innovantes » pour replacer la France en tête du développement et la production de biomédicaments.
Le projet BioIMP
Un consortium pluridisciplinaire pour développer des solutions innovantes, optimisant la fabrication de biomédicaments
En 2023, le Pôle d'Innovation en Biothérapies (PIBT) de l’EFS Bourgogne-Franche-Comté et ses partenaires locaux, experts en micro et biotechnologies, ont structuré le Projet BioIMP (Bioprocesses Improvement).
Porté par un consortium d'acteurs académiques et industriels spécialisés en bioproduction, biotechnologies et microtechnologies, BioIMP est un projet d’envergure visant à développer et déployer des solutions technologiques et biotechnologiques innovantes, afin d'optimiser les procédés de fabrication des biomédicaments.
L’EFS est le chef de fil de ce consortium public/privé, composé de CellQuest, RD Biotech, Diaclone, Med'Inn'Pharma, Lymphobank, les laboratoires RIGHT et FEMTO-ST de l'Université de Franche-Comté et FC'innov.
Ce projet est soutenu en 2024 par la Région Bourgogne-Franche-Comté, et financé grâce à une dotation de fonds européens (FEDER) d’environ 18 millions d’euros.
Il est composé de plusieurs axes, aux objectifs distincts mais complémentaires.
Objectif n°1
Mieux exploiter la matière première, les produits sanguins
Les produits sanguins, matière biologique de départ à la production de biomédicaments, sont complexes. Ils peuvent être des prélèvements sanguins, des sangs placentaires, de la moelle osseuse, des composés sanguins tels que du plasma, ou encore des concentrés plaquettaires.
Des technologies de pointe comme la di-électrophorèse et l'acoustophorèse, couplées à la fluidique et la robotique, permettront d'optimiser leur sélection et leur purification.
Cette meilleure exploitation de la matière première permettra d'améliorer les coûts de production des biomédicaments, mais aussi d’ouvrir la voie à de nouveaux biomédicaments, cellulaires ou non.
Objectif n°2
Tester en condition réelle l’amélioration des procédés de production et de conservation
Ce second axe vise à tester, en condition réelle, des briques technologiques destinées à améliorer les procédés de production et de conservation. L'un des objectifs est l’utilisation de nouvelles technologies de modification génétiques, comme les ciseaux génétiques et la sonoporation (couplant modification génétique et ondes acoustiques).
De nouvelles technologies de synthèse d'ADN seront également développées, notamment pour adapter la production de matériel génétique au développement de vaccins.
Objectif n°3
Contrôler la qualité des procédés de conception de biomédicaments
Un aspect incontournable lors de la conception de biomédicaments est le contrôle qualité : le consortium BioIMP souhaite identifier des techniques pour contrôler la fabrication du biomédicament en direct, pendant son processus de fabrication. Les avantages seraient multiples : obtenir en temps réel des informations sur le contenu des produits, sans manipulation, ni perte de matière première ou dégradation, et déceler une éventuelle anomalie au plus tôt.
Les compétences en microsystèmes du consortium seront utilisées pour développer un « laboratoire sur puce » permettant par exemple de vérifier l'éligibilité des patients aux thérapies, en reproduisant les conditions les plus proches possibles du corps humain. Cette approche permettrait de proposer un traitement ultra-personnalisé, qui soit le plus efficace et le plus adapté au patient.
Avec l'émergence de biomédicaments toujours plus innovants, les outils de caractérisation doivent eux aussi évoluer : les biomédicaments acellulaires (qui ne s’appuient pas sur l’utilisation de cellules mais sur ce qu’elles sécrètent) sont particulièrement complexes à identifier et contrôler. Là aussi, l'apport de capteurs innovants couplés à des outils biotechnologiques tels que des anticorps ou autres protéines permettront d'accroitre la performance de ces caractérisations, et donc la sécurité des patients traités par la suite.
Objectif n°4
Concevoir des biomédicaments novateurs, au plus proche des besoins des cliniciens
Enfin, la dernière composante de ce projet sera la conception de biomédicaments novateurs, afin de poursuivre les travaux en lien avec les cliniciens et de développer des biomédicaments répondant aux besoins identifiés pour leurs patients.
En effet, si les médicaments à base de lymphocytes T (CAR-T) sont de mieux en mieux connus et maitrisés, un important travail reste à mener pour maitriser les procédés de production d'autres cellules telles que les NK ou les monocytes génétiquement modifiés.
Le développement de ces biomédicaments permettra d'accroitre la gamme de biomédicaments pouvant être produits par l'EFS et proposés aux cliniciens, mais également d'implémenter au plus tôt de nouvelles technologies : par exemple, la sonoporation, qui pourrait lever certains verrous technologiques limitant la modification génétique de cellules.
MiMédi, un projet précédent qui illustre l’expertise de l’écosystème BFC
Plusieurs acteurs du projet BioIMP ont collaboré lors d'un précédent projet collaboratif financé par les fonds FEDER, le projet MiMédI : Microtechniques pour les Médicaments Innovants.
En plus de fédérer d'importants acteurs locaux autours d'objectifs communs, MiMédi a permis d'évaluer plusieurs innovations technologiques à même d'optimiser les procédés de production : il apparait maintenant nécessaire de déployer ces solutions innovantes pour en démontrer l'efficacité en conditions réelles. Ces travaux ont également fait émerger de nouveaux verrous, devant être levés à leur tour.
Grâce au soutien des fonds FEDER et de la région Bourgogne Franche-Comté, le projet MiMédi a permis de créer un nouvel outil de production, valorisé par la création de la start-up CellQuest comme équipementier spécialisé en production de MTI. Les nombreux résultats obtenus ont été valorisés par plus de 40 publications scientifiques, 4 enveloppes Soleau et 4 brevets.
Au cours ou à la suite du projet, plus de 10 emplois ont été créés chez les différents partenaires. Suite à ces réussites et à la nécessité de poursuivre les travaux d'optimisation de la bioproduction, une grande majorité des acteurs de ce consortium ont témoigné leur intérêt pour poursuivre la mise en commun de leurs compétences.