En 2000, la France met en place un système national public de transfusion sanguine : l’Établissement français du sang voit le jour. Pour comprendre l’histoire de notre établissement, il faut d’abord se plonger dans la grande histoire de la transfusion sanguine et du don de sang.
Sommaire
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Brève histoire de la transfusion sanguine 17ème - 20ème
L’aventure de la transfusion sanguine commence en 1628, lorsque le médecin britannique William Harvey décrit dans son ouvrage Exercitatio Anatomica de Motu Cordis et Sanguinis in Animalibus le mécanisme de la circulation sanguine. C’est plusieurs siècles après, en 1901, que Karl Landsteiner, médecin américain d’origine autrichienne, découvre le système ABO des groupes sanguins. Cette classification, permet d’analyser et de comprendre la compatibilité des groupes sanguins. Il recevra en 1930 le prix Nobel pour cette découverte.
La classification ABO est une découverte majeure qui ouvre la voie à la transfusion sanguine moderne
En 1914, la Première Guerre mondiale éclate et accélère une prise de conscience : la transfusion peut sauver des vies. Les champs de bataille, face à tant de blessés à soigner d'urgence, constituent un terrain d'expérimentation pour les médecins. Cela permet de faire avancer la recherche en matière de transfusion, même s’il n’existe pas encore de méthode rapide de typage des groupes sanguins.
Le saviez-vous ?
Le 16 octobre 1914, le caporal Henri Legrain doit se faire amputer la jambe. Il a déjà perdu beaucoup de sang et a besoin d'une transfusion. Isidore Colas, son voisin de lit à l'hôpital, se porte volontaire. Le caporal devient ainsi le premier Français directement transfusé et sauvé.
Les années 20 et 30
Dans les années 1920 et 1930, la transfusion sanguine est de plus en plus utilisée grâce à une révolution complète des techniques de transfusion et de conservation du sang. La transfusion entre ainsi progressivement dans la pratique courante. En 1928, le docteur Arnault Tzanck fonde le premier Centre national de transfusion sanguine (CNTS) à l’hôpital Saint-Antoine à Paris. La première collecte mobile est organisée la même année, pour répondre aux besoins en plasma d'ouvriers brûlés par l’explosion de leur usine.
La Seconde Guerre mondiale
Lors de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), pour la population qui n’est pas au front, donner son sang est un acte patriotique. Le don de sang est un moyen de participer à l’effort de guerre. Les transfusions de bras à bras dans les hôpitaux d’armée sont communes et le don de sang bénévole mobilise plus que jamais la population civile.
En 1940, Karl Landsteiner et son compatriote Alexander Wiener, découvrent ensemble le facteur Rhésus, du nom du singe qui a servi à l’expérience. Désormais, le sang collecté est soumis à une série d’examens qui permet d'assurer la compatibilité entre le groupe sanguin du donneur et du patient : les transfusions deviennent de plus en plus sûres pour les patients.
Héritage de la guerre, le don de sang devient un ciment au sein de la population, et incarne des valeurs extrêmement positives, qui marqueront profondément la société de l’après-guerre. La Fédération des donneurs de sang bénévoles (FFDSB) voit le jour en 1948.
Le système transfusionnel de l'après-guerre
Dans les années 80, le monde fait face à une épidémie nouvelle : le virus du sida. Avant de découvrir le VIH (virus de l'immunodéficience humaine) et d'identifier son mode de transmission, de longues recherches ont été nécessaires. Le lien entre transfusion sanguine et transmission de la maladie se fait en 1984.
C’est dans les années 90 que l’affaire du sang contaminé éclate dans plusieurs pays du monde. En France, en 1991, une journaliste révèle que le Centre national de transfusion sanguine (CNTS) a distribué, de 1984 à 1985, certains produits sanguins contaminés par le virus du sida à des hémophiles.
En réaction à cette affaire, la France met en place un système national public et unique de transfusion sanguine. De nombreux moyens sont ainsi mis en œuvre pour garantir la sécurité transfusionnelle, respecter les principes éthiques du don et placer l’ensemble du système transfusionnel sous la tutelle de l’État.
Le système transfusionnel d'aujourd'hui
1er janvier 2000
La loi du 4 janvier 1993, symboliquement qualifiée de « loi de sécurité sanitaire », est adoptée. Elle crée les premières agences de sécurité sanitaire, dont l’Agence française du sang (AFS), ancêtre de l’EFS et le Laboratoire français du fractionnement et des biotechnologies (LFB).
L’Établissement français du sang (EFS) voit quant à lui le jour le 1er janvier 2000, en application de la loi du 1er juillet 1998, relative au renforcement de la veille et de la sécurité sanitaire.
Toutes les activités de la chaîne transfusionnelle, de la collecte jusqu’à la délivrance des produits sanguins, sont alors opérées par un acteur unique : une organisation efficace qui permet l’accessibilité à des produits sanguins sur l’ensemble du territoire.
Au cours de ces vingt dernières années, l’EFS s’est considérablement modernisé, aussi bien d’un point de vue organisationnel, technique que d’image, en lien avec l’évolution de la société.
L’EFS est aujourd’hui un acteur incontournable de l’innovation et investit dans les thérapies innovantes pour que les patients bénéficient au plus vite d’avancées médicales.
Au cœur de ce système est placée l’éthique, avec la promotion de la non-marchandisation du corps humain.