L’Etablissement français du sang participe cet automne à deux projets de recherche liés à l’exploration de l’espace. L’un est organisé dans le cadre de la mission commerciale Polaris Dawn aux Etats-Unis, l’autre est coordonné par l’Agence spatiale européenne (ESA). Deux projets pour tenter d’améliorer la santé des astronautes mais aussi des personnes sur Terre. Ils sont pilotés par le Pr Pablo Bartolucci, responsable du groupe de recherche sur l’hémolyse dans l’équipe du Pr France Pirenne.
"Nous voulons comprendre les causes de l’anémie spatiale pour préserver la santé des astronautes"
Il rentre tout juste du Kennedy Space Center, la base de lancement américaine établie en Floride. Le docteur Nicolas Hébert participe à l’une des trente-six expériences scientifiques organisées dans le cadre de la mission Polaris Dawn. Début septembre, après deux années de préparation, le chercheur de l’EFS est allé sur place pour récupérer des échantillons de sang prélevés sur les astronautes, avant et après leur mission de cinq jours dans l’espace. « Les astronautes souffrent régulièrement d’anémie dans l’espace, explique le chercheur, notre expertise des globules rouges peut nous permettre de faire avancer les recherches sur ce phénomène et d’en trouver la cause ».
Pendant plusieurs jours, Nicolas Hébert a travaillé depuis le laboratoire de l’université d’Embry-Riddle, à quelques kilomètres du Kennedy Space Center. C’est là-bas qu’il a réalisé les tests les plus urgents sur les échantillons de sang frais. Le reste des analyses sera effectué en France, sur des échantillons ayant été congelés. « Nous voulons comprendre les causes de l’anémie spatiale pour essayer de la réduire et préserver la santé des astronautes. Cette connaissance plus poussée pourra également nous servir dans le cadre de maladies du globule rouge comme la drépanocytose et pour envisager de futurs traitements transfusionnels dans l’espace » ajoute le chercheur, dont l’équipe EFS travaille sur ce projet avec plusieurs partenaires : l’Université Paris Est Créteil, l’Inserm et l’institut de recherche de l’hôpital d’Ottawa dont le Dr Guy Trudel pilote la mission. « Notre expertise nous permet de traverser des frontières et même de participer à l’aventure spatiale, c’est assez fou ! » conclut Nicolas Hébert, qui espère des premiers résultats d’ici 6 à 8 mois.
A près de 10.000 km de la Floride, c’est dans un tout autre décor que le docteur Kim-Anh Nguyen poursuit ses recherches. Elle aussi membre de l’équipe du Pr France Pirenne à l’Institut Mondor de Recherche Biomédicale (IMRB). La chercheuse a posé ses valises dans la vallée alpine de Planica, en Slovénie. Elle y réalise une série de tests sur des volontaires, dans le cadre d’un projet initié par l’Agence spatiale européenne. Tous ont été placés dans les conditions d’un voyage vers Mars c’est-à-dire… alités pendant 60 jours.
De quoi emmener l’expertise de l’EFS encore plus loin !